Gnakadè Gate : entre indignation politique et dissensions internes

L’interpellation de Marguérite Gnakadè, ancienne ministre des Armées devenue critique du régime, a déclenché une onde de choc dans le paysage politique togolais. Si plusieurs partis d’opposition dénoncent une dérive autoritaire, d’autres voix, plus nuancées voire critiques, viennent complexifier la lecture de cette affaire.

L’opposition monte au créneau

La Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), par la voix de Kafui Adjamagbo Johnson, s’est dite « bouleversée » par cette arrestation, qu’elle qualifie d’atteinte grave à la liberté d’expression. Nathaniel Olympio, autre figure de la coalition, évoque une « vague d’arrestations préventives » et accuse le régime de répondre à la contestation populaire par la répression.

L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre a publié un communiqué dénonçant un « enlèvement » par des éléments encagoulés relevant de la force publique. Le parti exige la libération immédiate de Mme Gnakadè et de « tous les détenus politiques », estimant que cette arrestation est la conséquence directe de ses prises de position contre le régime depuis mai 2025.

Le Pacte Socialiste pour le Renouveau (PSR), dirigé par Komi Wolou, parle quant à lui d’une « confirmation de la nature du régime », qu’il juge sourd aux souffrances du peuple et incapable de se réformer sans rupture profonde.

La voix dissonante d’Abass Kaboua

À contre-courant de ces dénonciations, Abass Kaboua, président du Mouvement des Républicains Centristes (MRC), a tenu des propos ambigus dans une interview diffusée sur TikTok.

Tout en affirmant connaître personnellement Mme Gnakadè, il a déclaré qu’elle avait franchi une « ligne rouge » et évoqué un « gâchis » causé par ses décisions au sein des forces armées. Il l’accuse également d’avoir englouti des milliards dans des infrastructures militaires inachevées, appelant l’armée à « prendre ses responsabilités ».

Ces réactions contradictoires traduisent une recomposition politique en cours. Tandis que l’opposition tente de capitaliser sur l’affaire pour dénoncer les dérives du pouvoir, certains anciens alliés du régime, comme Kaboua, semblent vouloir régler des comptes internes ou repositionner leur discours.

L’absence de communication officielle sur les charges retenues contre Mme Gnakadè entretient le flou, mais son arrestation, dans un contexte de mobilisation sociale croissante, pourrait devenir un catalyseur de polarisation politique. Entre soutien, dénonciation et règlement de comptes, l’affaire Gnakadè révèle les tensions latentes d’un système en mutation.

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