
C’est un tournant inquiétant dans l’histoire de la santé publique mondiale. Pour la première fois, l’obésité dépasse l’insuffisance pondérale comme forme dominante de malnutrition chez les enfants et adolescents en âge scolaire.
Dans son dernier rapport intitulé « Alimenter les profits : Comment les environnements alimentaires compromettent l’avenir des enfants », l’UNICEF révèle que 188 millions de jeunes âgés de 5 à 19 ans – soit un sur dix – souffrent aujourd’hui d’obésité.
Ce basculement, observé dans plus de 190 pays, n’épargne aucune région. Si les États-Unis, le Chili ou les Émirats arabes unis affichent des taux alarmants, ce sont les pays insulaires du Pacifique qui détiennent les records : à Nioué, 38 % des enfants sont obèses. L’abandon des régimes traditionnels au profit d’aliments importés et ultratransformés, souvent promus par un marketing agressif, est pointé du doigt comme principal facteur.
L’enquête U-Report menée auprès de 64 000 jeunes dans 170 pays confirme l’ampleur du phénomène : 75 % ont été exposés à des publicités pour des boissons sucrées ou du fast-food la semaine précédente, et 60 % reconnaissent leur influence sur leurs choix alimentaires.
Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, alerte.
« L’obésité peut avoir des répercussions graves sur la santé, le développement cognitif et même la santé mentale des enfants ». Elle appelle à une mobilisation urgente pour une interdiction de la malbouffe dans les écoles, une régulation du marketing alimentaire, une fiscalité dissuasive, et un renforcement des filets sociaux.
Ce cri d’alarme dépasse les chiffres. Il interpelle les gouvernements, les industriels et les familles sur la nécessité de repenser les environnements alimentaires.
Car derrière chaque statistique, il y a un enfant dont l’avenir est compromis par des choix qui ne sont pas les siens. L’heure est venue de replacer la nutrition au cœur des politiques publiques, pour que chaque enfant ait enfin accès à une alimentation saine, équilibrée et digne. Fin