La convocation en urgence du chef de la délégation de l’Union européenne à Lomé, Gwilym Jones, par le ministère togolais des Affaires étrangères, consacre un nouveau tournant dans les relations parfois tumultueuses entre le Togo et ses partenaires européens.
En cause, une résolution du Parlement européen adoptée à Strasbourg, dénonçant des « atteintes aux libertés fondamentales » et appelant à un « procès équitable » dans l’affaire Abdoul Aziz Goma, militant togolais incarcéré depuis plusieurs mois.
Pour Lomé, cette prise de position constitue une ingérence inacceptable dans une procédure judiciaire en cours. Le gouvernement togolais, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, exige des explications immédiates et rappelle que la souveraineté nationale ne saurait être négociée ni soumise à des injonctions extérieures.
Ce bras de fer n’est pas inédit. En 2017 déjà, les critiques européennes sur la révision constitutionnelle avaient suscité une réaction ferme du Togo, qui avait dénoncé toute tentative de « diktat » sur ses choix internes.
Ces tensions récurrentes soulignent une problématique plus vaste : celle de l’équilibre entre coopération internationale et respect des souverainetés nationales dans un contexte mondial où les enjeux de gouvernance, de droits humains et de justice sont scrutés à l’échelle transnationale.
Dans ce climat, le Togo réaffirme sa volonté de préserver l’indépendance de ses institutions, notamment judiciaires, tout en maintenant le dialogue diplomatique. Car si la coopération reste essentielle, elle ne peut se faire au détriment de l’autonomie des États. La défense de la souveraineté togolaise devient ainsi un acte politique stratégique, face à une mondialisation normative souvent perçue comme intrusive.
Ce rappel à l’ordre diplomatique est aussi un signal adressé à l’opinion nationale. Le Togo entend rester maître de ses décisions, dans le respect de ses lois et de ses institutions, tout en naviguant avec fermeté dans un environnement international de plus en plus exigeant. Fin