UFC et l’opposition togolaise : le vieillissement politique, symptôme d’une crise structurelle

Alors que les dirigeants de l’Union des Forces de Changement (UFC), élus en août 2023, s’apprêtent à céder leur place après deux années de mandat, l’heure est au bilan. Mais au-delà des dynamiques internes de ce parti historique, c’est toute l’opposition togolaise qui semble prise dans une spirale de déclin, minée par un mal plus profond : le vieillissement politique, à la fois générationnel, stratégique et idéologique.

UFC : une transition sans rupture

Le vice-président Séna Alipui, qui ne briguera pas un nouveau mandat, a salué l’alternance interne comme un signe de maturité. Le parti affirme avoir œuvré à la réconciliation, au recrutement de nouveaux militants et à la mise en conformité avec les textes.

Pourtant, ces efforts peinent à masquer une réalité plus préoccupante; la perte d’influence progressive de l’UFC depuis la scission qui a donné naissance à l’ANC. Le choix d’une posture moins conflictuelle vis-à-vis du pouvoir, bien qu’argumenté comme une stratégie de paix, est perçu par une partie de l’opinion comme un renoncement à l’opposition active.

Une crise qui dépasse l’UFC

Le cas de l’UFC n’est pas isolé. Il illustre une crise structurelle qui touche l’ensemble des partis d’opposition au Togo. Plusieurs facteurs convergent.

Entre autres, on peut noter le leadership vieillissant  des figures emblématiques de l’opposition, souvent issues des luttes des années 1990–2000, qui peinent à incarner les aspirations d’une jeunesse en quête de renouveau.

Il y a également l’absence de relève crédible car peu de partis ont su former une nouvelle génération de leaders capables de porter un projet politique cohérent et mobilisateur.

La fragmentation chronique marquée par des divisions internes, les scissions répétées et les rivalités personnelles affaiblissent la capacité de l’opposition à se présenter unie, et la déconnexion sociale des partis d’opposition qui souffrent à articuler un discours en phase avec les réalités quotidiennes des Togolais, notamment sur les questions d’emploi, d’éducation, de santé et de justice sociale, ne sont pas en reste.

Une opposition en perte de vitesse

Les résultats électoraux successifs traduisent cette désaffection populaire. Face à un parti présidentiel, UNIR, solidement implanté et stratégiquement organisé, l’opposition apparaît désarmée.

La faible mobilisation des électeurs, notamment dans les zones urbaines, témoigne d’un désintérêt croissant pour une opposition jugée inefficace, sans vision claire ni leadership renouvelé.

Vieillissement politique : au-delà de l’âge, une question de posture

Le vieillissement politique ne se résume pas à l’âge des dirigeants. Il renvoie à une incapacité à se réinventer, à renouveler les idées, les méthodes, les alliances et les récits. Dans un contexte où les citoyens sont de plus en plus exigeants, connectés et critiques, l’opposition togolaise semble figée dans des schémas dépassés, incapables de proposer une alternative crédible au pouvoir en place.

L’UFC, comme l’ensemble des partis d’opposition, est à la croisée des chemins. Soit elle opère une mue profonde, en intégrant de nouveaux visages, de nouvelles idées et une stratégie adaptée aux enjeux contemporains, soit elle risque de s’enliser dans une marginalité politique durable. Le temps du sursaut est venu. Fin

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