
À quelques mois de la présidentielle ivoirienne, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), dirigé par Laurent Gbagbo, vient de jeter un pavé dans la mare politique. Dans une motion rendue publique ce week-end, le parti interpelle la communauté internationale sur la légitimité du quatrième mandat que convoiterait le président sortant, Alassane Ouattara. En appelant l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne à se prononcer clairement, le PPA-CI cherche à internationaliser un débat juridique et politique qui divise profondément la scène nationale.
Le cœur de la controverse réside dans l’interprétation de la Constitution de 2016. En 2020, le Conseil constitutionnel avait validé la candidature de Ouattara au motif que la nouvelle Constitution avait remis les compteurs à zéro. Une lecture que l’opposition juge opportuniste, dénonçant une tentative de pérennisation du pouvoir. Le PPA-CI, dans sa motion, rappelle que « la Constitution ivoirienne ne prévoit ni trois, ni quatre mandats », et redoute une « complicité silencieuse » des partenaires internationaux si aucune position claire n’est adoptée.
Cette mise en garde intervient dans un climat politique déjà tendu, où les souvenirs des crises électorales passées restent vivaces. Le parti de Gbagbo appelle à une médiation préventive pour éviter une « crise à haut risque », soulignant que l’enjeu dépasse le cadre partisan pour toucher à la stabilité nationale.
Face à cette montée de tension, le RHDP, parti présidentiel, affiche une posture de sérénité. Il assure que « le processus électoral suit normalement son cours » et appelle à ne pas attiser les divisions. De son côté, Leonardo Santos Simão, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, a exhorté les acteurs politiques à faire preuve de responsabilité, rappelant que les élections doivent être un moment de consolidation de la paix.
L’appel du PPA-CI relance donc un débat crucial sur les limites du pouvoir exécutif et la solidité des institutions démocratiques en Côte d’Ivoire. À mesure que l’échéance électorale approche, la question du mandat présidentiel pourrait devenir le point de cristallisation d’un affrontement politique aux répercussions régionales. Fin