France–Mali : une rupture diplomatique aux allures de bras de fer

La tension diplomatique entre la France et le Mali vient de franchir un nouveau seuil, révélant une détérioration profonde des relations bilatérales.

En l’espace de quelques jours, les deux capitales ont procédé à des expulsions croisées de diplomates, sur fond d’accusations d’ingérence et de rupture de coopération sécuritaire.

Tout a commencé le 15 août, lorsque les autorités maliennes ont annoncé l’arrestation de Yann Vezillier, présenté comme un agent de la DGSE, soupçonné d’implication dans une tentative de déstabilisation impliquant deux généraux maliens.

Bamako évoque une manœuvre orchestrée par des « États étrangers » et des « éléments marginaux » de son armée. Paris, de son côté, dénonce des « accusations sans fondement » et exige la libération immédiate de son ressortissant.

La réponse française ne s’est pas fait attendre : deux diplomates maliens, en poste à l’ambassade et au consulat à Paris, ont été déclarés persona non grata et sommés de quitter le territoire d’ici samedi. En réaction, Bamako a expulsé cinq personnels de l’ambassade de France, bien que certains aient déjà quitté le pays avant l’annonce officielle.

Mais au-delà des expulsions, c’est la suspension de la coopération antiterroriste entre les deux pays qui marque un tournant. Cette collaboration, maintenue discrètement malgré les tensions politiques depuis les coups d’État de 2020 et 2021, constituait l’un des derniers canaux de dialogue opérationnel entre Paris et Bamako. Sa rupture intervient dans un contexte sahélien fragilisé, où les groupes jihadistes continuent de menacer la stabilité régionale.

Cette séquence diplomatique révèle plusieurs dynamiques notamment, un durcissement du régime malien qui affirme son souveraineté face à ce qu’il considère comme une ingérence étrangère, une perte d’influence française dans un Sahel où plusieurs États ont déjà rompu ou révisé leurs partenariats avec Paris, et une fragilisation de la lutte antiterroriste alors que les mécanismes de coordination régionale sont déjà affaiblis.

À Paris, des sources diplomatiques évoquent la possibilité de nouvelles mesures si l’agent français n’est pas libéré rapidement.

À Bamako, le silence officiel sur les motifs précis de l’expulsion des cinq agents français entretient le flou et alimente les spéculations.

Ce bras de fer, qui mêle enjeux sécuritaires, diplomatiques et symboliques, pourrait redéfinir durablement les rapports entre la France et le Mali. Et plus largement, il interroge la place des anciennes puissances coloniales dans une Afrique en quête de souveraineté affirmée. Fin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© Copyright 2025, illiconews.tg | Tous droits réservés.