Médias : et si le Togo faisait confiance à sa presse locale ?

Trois mois après leur suspension, RFI et France 24 n’ont toujours pas repris leurs activités au Togo. Une situation qui, selon le journal « L’Opinion », résulte d’un enchevêtrement de blocages juridiques, diplomatiques et administratifs.

Mais au-delà des formalités, cette impasse soulève une question fondamentale : dans un contexte de panafricanisme affirmé, le Togo ne gagnerait-il pas à miser davantage sur sa presse nationale ?

Sur le plan légal, la convention liant RFI au Togo est arrivée à expiration en novembre 2022 sans être renouvelée. Malgré cette absence de base contractuelle, la radio continuait d’émettre, ce qui a conduit la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) à exiger un nouveau contrat pour toute reprise.

À cela s’ajoute un volet diplomatique délicat : une mission de France Médias Monde a été annulée faute de visa pour l’un de ses membres, retardant les négociations.

Enfin, la demande togolaise d’émettre en FM depuis une radio basée en France pour toucher la diaspora reste sans réponse claire de Paris.

Ces lenteurs administratives contrastent avec les exigences souvent imposées aux médias togolais, qui doivent se soumettre à des procédures rigoureuses pour obtenir agréments, fréquences ou accréditations.

Alors que les médias internationaux bénéficient parfois de tolérances implicites, les organes locaux, eux, doivent redoubler d’efforts pour se conformer aux normes.

Cette asymétrie soulève une interrogation légitime : pourquoi ne pas accorder à la presse togolaise la même confiance que celle accordée à des médias étrangers ?

« Dans un pays où le professionnalisme journalistique s’est renforcé au fil des années, plusieurs rédactions locales font preuve de rigueur, d’éthique et de capacité d’analyse. Elles sont proches des réalités du terrain, parlent aux citoyens et contribuent à la vitalité démocratique. », a confié un confrère avec amertume.

Dans un contexte où le panafricanisme gagne du terrain, le Togo a l’opportunité de réaffirmer sa souveraineté médiatique. Promouvoir le « consommer local » ne devrait pas se limiter aux produits agricoles ou manufacturés.

Il peut et doit s’étendre à l’information. Valoriser les médias togolais, c’est investir dans une presse qui comprend les enjeux nationaux, qui parle avec la voix du pays et qui peut rayonner au-delà des frontières.

« Il est temps pour les autorités de considérer la presse locale comme un partenaire stratégique, et non comme un simple observateur. En renforçant les capacités des journalistes togolais, en simplifiant les procédures d’accréditation, et en leur offrant un cadre juridique équitable, le Togo peut bâtir une presse forte, indépendante et respectée. », a poursuivi notre interlocuteur.

La suspension prolongée de RFI et France 24 pourrait ainsi devenir une opportunité de réévaluer les priorités, de rééquilibrer les rapports, et de faire confiance à l’intelligence éditoriale togolaise. Car au fond, qui mieux que les médias du pays pour raconter le Togo au monde ? Fin

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