
La prolifération des normes internationales, qu’il s’agisse de l’étiquetage alimentaire ou des spécifications techniques de la 5G, est en train de remodeler l’économie mondiale. Si elles offrent des avantages considérables aux nations riches et aux multinationales qui les conçoivent, elles laissent trop souvent les pays en développement à la marge, révèle le Rapport sur le développement dans le monde 2025 publié par la Banque mondiale ce jeudi 11 décembre.
Les normes, infrastructures invisibles mais essentielles
Le rapport, intitulé « Les normes pour le développement », souligne que les normes sont désormais des infrastructures économiques fondamentales, aussi vitales que les routes ou les ports. La standardisation des conteneurs maritimes, par exemple, a davantage stimulé le commerce international que tous les accords commerciaux conclus au cours des six dernières décennies. Mais depuis le début des années 2000, les normes sont aussi devenues des instruments de rivalité commerciale : 90 % du commerce mondial est aujourd’hui concerné par des mesures non tarifaires, contre seulement 15 % à la fin des années 1990.
« Les normes peuvent être un puissant outil de croissance et de réduction de la pauvreté si les pays les adaptent, s’alignent dessus et participent à leur élaboration », explique Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale.
Une participation insuffisante des pays en développement
Le rapport met en évidence un déséquilibre criant : les pays en développement siègent dans moins d’un tiers des comités techniques de l’ISO, et encore moins dans d’autres organismes de normalisation. Ce déficit de représentation limite leur capacité à influencer des règles qui façonnent pourtant leurs marchés et leurs perspectives de croissance.
« Les normes internationales ne sont plus des infrastructures invisibles, ce sont des leviers essentiels d’un développement durable et inclusif », insiste Sergio Mujica, secrétaire général de l’ISO, qui appelle à une coopération mondiale renforcée.
Une stratégie en trois étapes
La Banque mondiale recommande une approche progressive pour les pays en développement. Il s’agit d’adapter les normes internationales aux réalités locales afin de stimuler l’apprentissage et la croissance des marchés, de s’aligner sur les normes mondiales à mesure que les capacités se renforcent, pour faciliter l’accès aux marchés et soutenir la compétitivité et d’élaborer leurs propres normes ou mettre à jour celles existantes une fois les capacités consolidées.
L’exemple du Japon est cité comme modèle : après la Seconde Guerre mondiale, le pays a transformé son image de producteur de biens de faible qualité en champion mondial de la fiabilité grâce à une stratégie de normalisation ambitieuse et à la gestion de la qualité totale.
Un appel à l’action
Pour Xavier Giné, directeur du rapport, « les économies les plus florissantes nous montrent que les normes ne sont pas seulement des règles techniques, mais le socle de l’innovation et de la compétitivité mondiale ». Le message est clair : les pays qui intègrent les normes dans leur stratégie de développement sont ceux qui parviennent à gravir l’échelle de la prospérité. Fin
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