Tribune: génocide au Soudan, où est l’Union Africaine ?

Depuis des mois, le Soudan vit l’une des pires tragédies humaines de notre époque. Des villages entiers sont rayés de la carte, des femmes violées, des enfants arrachés à la vie, des populations entières chassées de leurs terres. À El-Geneina, au Darfour et dans d’autres régions, les corps s’accumulent dans le silence assourdissant du monde. Ce qui se déroule sous nos yeux porte les marques inquiétantes de la purification ethnique, voire du génocide.

Et pourtant, l’Afrique semble regarder ailleurs. Où est l’Union Africaine ? Où sont les organisations sous-régionales censées incarner la solidarité, la responsabilité collective et la défense de la dignité humaine ? Le silence, la lenteur, les communiqués diplomatiques sans effet… voilà tout ce que les peuples africains entendent pendant que des innocents meurent.

Il est devenu presque habituel de constater l’impuissance ou l’indifférence des organisations africaines face aux crises internes. Des coups d’État au Sahel, aux conflits persistants en RDC, en passant par la crise anglophone au Cameroun, et aujourd’hui le drame soudanais : le schéma se répète. L’Union Africaine, créée pour remplacer l’OUA et rompre avec la vieille doctrine de non-ingérence, se retrouve aujourd’hui piégée dans un immobilisme inquiétant.

Le principe de solidarité panafricaine se limite trop souvent à des sommets, des résolutions, des photos protocolaires et des appels au dialogue qui ne changent rien sur le terrain. Quant aux organisations sous-régionales comme la CEEAC, la CEDEAO ou l’IGAD, elles peinent à s’affirmer réellement. Elles parlent, elles condamnent, mais elles ne protègent pas.

Le drame soudanais n’est pas seulement une crise géopolitique. C’est une question morale. Comment l’Afrique peut-elle revendiquer son autonomie sur la scène internationale si elle se révèle incapable de protéger ses propres populations ? Comment peut-on réclamer le respect des autres continents si nous n’avons pas la force ni la volonté de nous respecter nous-mêmes ?

Le véritable problème n’est pas l’absence de mécanismes. L’UA dispose théoriquement d’instruments d’intervention, de médiation, de sanctions ciblées. Mais la mise en œuvre est minée par la peur des États d’établir des précédents qu’ils pourraient eux-mêmes subir, par la diplomatie du silence entre dirigeants, par la dépendance financière envers l’extérieur et par l’absence de leadership moral courageux.

L’Afrique doit maintenant se ressaisir et refonder la manière dont elle se protège. Il devient urgent d’établir une force africaine d’intervention rapide réellement opérationnelle, indépendante des financements extérieurs et capable d’être déployée en quelques jours. Il faut également créer un mécanisme panafricain de surveillance et d’alerte précoce indépendant, capable de documenter les crimes et d’informer clairement l’opinion.

Enfin, la responsabilité politique des États membres doit être instaurée : tout gouvernement qui laisse massacrer ses populations ou soutient des milices meurtrières doit faire l’objet de sanctions continentales réelles, allant de la suspension aux embargo diplomatiques.

Ce qui se passe au Soudan est un miroir. Il nous renvoie une image dure et douloureuse : celle d’une Afrique qui parle d’unité mais n’agit pas pour protéger ses enfants. L’histoire nous observe. Les générations futures nous jugeront. L’Afrique ne se construira pas par des slogans. Elle se construira par le courage celui de défendre la vie. Fin

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